à l'extrême ouest de la pointe bretonne se trouve un lieu magnifique :
L'abbaye de la pointe Saint Mathieu finie-terre . Située en face des îles de Molène et Ouessant, frontière naturelle entre le continent l'océan atlantique et la manche , ce lieu a donnée son nom à tout le département du
Finistère et par extension à différentes institutions locales comme le
festival du "bout du monde" et autres
Penn-Ar-Bed ("bout du monde" en breton). Cet endroit est parsemé de nombreux chemins et sentiers, dont le fameux
GR34 qui fait le tour de la côte bretonne , c'est évidement un terrain de jeu idéal pour tous les passionnés de course à pied et de nature. Pas étonnant qu'on y organise un des trails les plus renommés de Bretagne :
le trail du bout du monde , dont l'épreuve reine est une course de 58km. Petit récit de cette courses qui vous donnera peut être envie de découvrir la pointe Bretonne (ou de vous mettre à l'ultra?)
Après 10 ans d’existence l'équipe organisatrice s'était offert une année de pause en 2014, le retour de cette épreuve en 2015 était donc très attendu. C'est l'occasion pour moi de me frotter à un ultra-trail difficile, en tout cas bien plus que mes deux premières course de plus de 50km (le
trail du Golfe et
E.V.E. ) : un parcours plus long, avec de longues parties de GR accidentées et très technique, un dénivelé conséquent du aux incessants va et vient des sentiers entres plages et falaises. Une autre difficulté s'ajoutait pour moi cette année, ayant changé de poste j'ai eu une charge de travail plus importante et plus difficile à anticiper . Si j'ajoute à cela une préparation contrariée par de petites blessures , dont une entorse au gros orteil fin avril , cette course difficile ne s’annonçait pas sous les meilleurs augures . Mais peu importe, la beauté du parcours et l'occasion de participer à cette grande fête du trail breton m'a convaincu de maintenir ma participation quitte à réduire mes objectifs à l'essentiel : courir pour le plaisir et garder la forme !
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le parcours du Trail du bout du monde |
Je dois avouer qu'arrivé au jour J je suis quand même un peu inquiet de ma préparation en dent de scie (comme le profil du parcours!) : suis je vraiment capable de gérer les aléas d'une course aussi compliquée en étant pas à 100% de mes moyens ? D'autant plus qu'un autre imprévu s'est invité au dernier moment : la canicule ! Certes les grandes chaleurs finistériennes ne rivalisent pas avec celles de Paris et de la côte méditerranéenne , mais sur une épreuve de 58km la chaleur et la déshydratation sont deux ennemis de taille.
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petite photos souvenir entre potes avant le départ |
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départ du vélodrome de Plouzané |
Le Dimanche 5 juillet la journée commence donc par un réveil à 5h du matin, le temps de me préparer et de retrouver des
amis Brestois et traileurs qui m'amènent au point de départ : le vélodrome de Plouzané. On retrouve vite de nombreux connaissances, l'ambiance est conviviale, chacun en profite pour prendre quelques photos et fixer ses objectifs. En début de saison j'aurai voulu me préparer pour courir en 5h15, voir moins, mais maintenant j'espère pouvoir arriver au mieux en 5h30 . Et encore ce que j’entends sur la difficulté du parcours, ajouté à la chaleur, me fait craindre un résultat plus proche des 6h ... A 8h du matin le départ est enfin donné, passé l'euphorie du tour de stade je ralenti mon rythme, mon but m'économiser le plus possible pour m'éviter une fin de course en mode "zombie" .

La course commence par une longue partie de chemins essentiellement en sous bois :
la vallée de Saint Anne, qui nous permettent d'arriver en 45 minutes au bord de la mer du coté Ouest de Brest. C'est le type de sentiers sur lesquels je suis le plus à l'aide, et en plus ça descend! Le plus dur est de rester sur mon rythme sans me laisser influencer par celui des autres coureurs. Une fois arrivé sur le GR34 le
calvaire des escaliers commence : le sentiers est entrecoupé d'une succession d'escaliers escarpés à monter, mais aussi à descendre. Souvent il s'agit de grandes marches formées par un tronçon de poutre en bois, mais à d'autres endroits il s'agit juste de marches chaotiques dans le granit des falaises .
En début de trail il est tentant de vouloir courir dans les escalier mais ça me semble une grosse erreur : ça demande beaucoup d'énergie pour un un gain en temps très faible. Cette énergie sera bien plus utile en fin de course pour courir sur une fin de parcours moins difficile au lieu d'être contraint par la fatigue à marcher .... Il n'est pas rare non-plus de voir des coureurs monter les escaliers en courant mais ne pas parvenir à maintenir l'effort jusqu'au bout. Je me laisse donc doubler sans état d'âme par de nombreux concurrents (que parfois je reprend juste un peu plus loin) et je profite du paysage à couper le souffle.
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le parcours fait le tour du phare du Minou avec vue sur la rade de Brest |
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ravitaillement à la pointe Saint Mathieu |
Après un premier point d'eau près du phare du Minou (1h25 de course) le premier ravitaillement à lieu sur la plage de Portez (2h08 de course) où je prend une première vraie pause de 5 minutes.
Il n'est que 10h du matin et pourtant je me sens déjà écrasé de chaleur, je dois recharger ma poche à eau qui est déjà complètement vide !!! A ce moment là j'irai bien piquer une tête dans la mer pour me rafraîchir , mais ça va arriver plus loin :-). Je repars tranquillement sur mon rythme même si je vois avec inquiétude que je plonge dans les profondeurs du classement. Heureusement les nombreux encouragements du public et des bénévoles me permettent de tenir jusqu'à la pointe Saint Mathieu, après 37km et 3h28 de course : je suis donc encore dans les temps pour finir la course en 5h30! Ça me redonne le moral pour entamer les 2 dernières heures de course, malgré l'impression d'être au bord du coup de chaleur, sur ce deuxième tronçon j'ai encore vidé près de 2 litres d'eau en 1h 20 de course ...
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La passerelle sur la ria du Conquet (à marée basse)
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plage des blancs sablon au Conquet
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Les chemins qui mènent jusqu'au Conquet s'enfoncent plus dans les terres, pour moi c'est plus facile et je retrouve un rythme de 11km/h pendant la demi-heure suivante jusqu'à la traversée de la ria du Conquet. L'entrée de ce bras de mer, qui s'enfonce de quelques kilomètres dans les terres, sert de port naturel pour de nombreux bateaux (la cale saint Christophe). La ria est traversée par une passerelle piétonne qui permet de se rendre à la grande plage du Conquet qui se trouve derrière la rive nord. Je m'attendais à traverser la ria sur cette passerelle mais les bénévoles nous indiquent qu'il faut passer à gué ! Sur le coup le passage dans l'eau jusqu'aux genoux me rafraîchit (et j'en avais besoin) mais en sortant de la ria les chaussures chargées d'eau et de sable pèsent bien lourd alors que l'on passe tout juste la borne du marathon en 4h10m . Le sentier continue par quelques chemins ombragés qui m'amènent vers la grande plage du Conquet (la plage des Blancs sablons) d'où l'on voit parfaitement les îles de Molène et Ouessant. A ce moment là une surprise m'attend : un nuage vient obscurcir le ciel en quelques minutes, précédé d'un coup de vent d'ouest très fort ... une averse orageuse est en train de fondre sur nous. Heureusement l'averse ne dure qu'une petite minute et les grosses gouttes de pluie m'ont surtout permis de me rafraîchir. En tout cas ce brusque changement de temps me fait penser au dicton local :
" Qui voit Ouessant voit son sang,
qui voit Molène, voit sa peine"
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Cale Saint Christophe vue de la presqu'île de Kermorvan |
J'en suis à 4h30 de course et comme sur mes précédents ultra-trails je sens mes jambes se raidir d'un coup, je pense être à quelques centaines de mètres du dernier ravitaillement, mais en fait je dois encore faire tout le tour de la presqu'île de Kermorvan (2km) avant d'y arriver. Pendant un quart d'heure je gère tant bien que mal sur un sentier qui est redevenu très technique. Après le dernier ravitaillement (4h42) il me reste encore 9km à faire le long de la côte jusqu'à l'arrivée, c'est encore jouable pour finir en 5h30. Je retraverse la ria du Conquet (sur la passerelle piétonne cette fois) puis je remonte vers le GR34 en contournant le port par des rues escarpées du Conquet . Je peux maintenant lancer mes dernières forces dans la course car cette partie finale est assez facile. Sur les derniers kilomètres je croise ma belle-sœur venu m'encourager ! Les derniers kilomètres sont avalés à une belle allure de 11km/h et j'ai le plaisir de franchir la ligne d'arrivée sous le soleil en 5h34m59s donc pas si loin de mon objectif initial :-)


Voilà finalement j'ai le plaisir d'avoir bouclé mon troisième ultra sans douleur, malgré une préparation incomplète et des conditions difficiles. Même si mon classement final n'est pas terrible (65ième sur 500 engagés et seulement 340 arrivants!) j'ai quand même réussi à évaluer à 5 minutes près mon niveau sur un parcours que je ne connaissais pas .
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- $\sum_{n=1}^\infty {1\over n^2}={\pi^2\over 6}$ s'obtient avec \sum_{n=1}^\infty {1\over n^2}={\pi^2\over 6}
- $\mathbb R$ s'obtient avec {\mathbb R} et $\mathcal D$ s'obtient avec {\mathcal D}
- pour les crochets $\langle .,. \rangle$ dans les commentaires utilisez \langle .,. \rangle
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