vendredi 10 juillet 2015

Le Trail du Bout du Monde

à l'extrême ouest de la pointe bretonne se trouve un lieu magnifique : L'abbaye de  la pointe Saint Mathieu finie-terre . Située  en face des îles de Molène et Ouessant, frontière naturelle entre le continent l'océan atlantique et la manche , ce lieu a donnée son nom à tout le département du Finistère et par extension à différentes institutions locales comme  le festival du "bout du monde"   et autres Penn-Ar-Bed  ("bout du monde" en breton).  Cet endroit est parsemé de  nombreux chemins  et sentiers, dont le fameux GR34  qui fait le tour de la côte bretonne , c'est évidement un terrain de jeu idéal pour tous les passionnés de course à pied et de nature. Pas étonnant qu'on y organise un des trails les plus renommés de Bretagne : le trail du bout du monde , dont l'épreuve reine  est une course de 58km.  Petit récit de cette courses qui vous donnera peut être envie de découvrir la pointe Bretonne (ou de vous mettre à l'ultra?)

L'abbaye de  la pointe Saint Mathieu finie-terre

Après 10 ans d’existence  l'équipe organisatrice s'était offert une année de pause en 2014, le retour de cette épreuve en 2015 était donc très attendu. C'est l'occasion pour moi de me frotter à un ultra-trail  difficile, en tout cas bien plus  que mes deux premières course de plus de 50km (le trail du Golfe  et E.V.E. ) : un parcours plus long, avec de longues parties de GR accidentées et très technique,  un dénivelé conséquent du aux incessants va et vient des sentiers entres plages et falaises.  Une autre difficulté s'ajoutait  pour moi cette année, ayant changé de poste j'ai eu une charge de travail  plus importante et plus difficile à anticiper . Si j'ajoute à cela une préparation contrariée par  de petites blessures , dont une entorse au gros orteil fin avril , cette course difficile ne s’annonçait pas sous les meilleurs augures .  Mais peu importe, la beauté du parcours et l'occasion de participer à cette grande fête du trail breton m'a convaincu de maintenir ma participation quitte à réduire mes objectifs à l'essentiel : courir pour le plaisir et garder la forme !  

le parcours  du Trail du bout du monde 


Je dois avouer qu'arrivé au jour J  je suis quand même un peu inquiet de ma préparation  en dent de scie (comme le profil du parcours!)  : suis je vraiment  capable de gérer  les aléas d'une course aussi compliquée en étant pas à 100% de mes moyens ? D'autant plus qu'un autre imprévu s'est invité au dernier moment : la canicule ! Certes les grandes chaleurs finistériennes ne rivalisent pas avec celles de Paris et de la côte méditerranéenne , mais sur une épreuve de 58km la chaleur et la déshydratation sont deux ennemis de taille.

petite photos souvenir entre potes avant le départ


départ du vélodrome de Plouzané
Le Dimanche 5 juillet la journée commence donc  par un réveil à 5h du matin, le temps de me préparer et de retrouver des amis Brestois et traileurs qui m'amènent  au point de  départ : le  vélodrome de Plouzané. On retrouve vite de nombreux connaissances, l'ambiance est conviviale, chacun en profite pour  prendre quelques photos  et  fixer  ses objectifs. En début de saison  j'aurai voulu  me préparer pour courir en 5h15, voir moins, mais maintenant j'espère  pouvoir arriver au mieux en 5h30 . Et encore ce que j’entends sur la difficulté du parcours, ajouté  à la chaleur, me fait craindre un résultat plus proche des 6h ...  A 8h du matin le départ est enfin donné, passé l'euphorie du tour de stade je ralenti mon rythme, mon but m'économiser le plus possible pour m'éviter une fin de course en mode "zombie" .

La course commence par une longue partie de chemins essentiellement en sous bois : la vallée de Saint Anne,  qui nous permettent d'arriver en 45 minutes  au bord de la mer du coté Ouest de Brest. C'est le type de sentiers sur lesquels je suis le plus à l'aide, et en plus ça descend! Le plus dur est de rester sur mon rythme sans me laisser influencer par celui des autres coureurs. Une fois arrivé sur le GR34  le calvaire des escaliers commence : le sentiers est entrecoupé d'une succession d'escaliers escarpés à monter, mais aussi à descendre. Souvent il s'agit de grandes marches formées par un tronçon de poutre en bois, mais à d'autres endroits il s'agit juste de marches chaotiques dans le granit des falaises  . En début de trail  il est tentant de vouloir courir dans les escalier  mais ça me semble une grosse erreur : ça demande beaucoup d'énergie  pour un un gain en temps très faible. Cette énergie sera bien plus utile en fin de course pour courir sur une fin de parcours moins difficile au lieu d'être contraint par la fatigue  à marcher  .... Il n'est pas rare non-plus de voir des coureurs  monter les escaliers  en courant  mais ne pas parvenir à maintenir l'effort jusqu'au bout. Je me laisse donc doubler sans état d'âme par de nombreux concurrents (que parfois je reprend juste un peu plus loin)  et je profite du paysage à couper le souffle.

le parcours  fait le tour du phare du Minou avec vue sur la rade de Brest

ravitaillement à la pointe Saint Mathieu
Après un premier point d'eau  près du phare du Minou  (1h25 de course)  le premier ravitaillement à lieu sur la plage de Portez  (2h08 de course) où je prend une première vraie pause de 5 minutes.  Il n'est que 10h du matin et pourtant  je me sens déjà écrasé de chaleur, je dois recharger   ma poche à eau  qui est déjà complètement vide !!! A ce moment là j'irai bien piquer une tête dans la mer pour me rafraîchir , mais  ça va arriver plus loin :-). Je repars  tranquillement sur mon rythme  même si je vois avec inquiétude que je plonge dans les profondeurs du classement. Heureusement  les nombreux encouragements du public et des bénévoles  me permettent de tenir jusqu'à la pointe Saint Mathieu, après 37km et 3h28 de course : je suis donc encore dans les temps pour finir la course  en 5h30! Ça me redonne le moral pour entamer les 2 dernières heures de course, malgré l'impression d'être au bord du coup de chaleur, sur ce deuxième tronçon j'ai encore vidé près de 2 litres d'eau en 1h 20 de course ...

La passerelle sur la ria du Conquet  (à marée basse)

plage  des blancs sablon au Conquet


Les chemins qui mènent jusqu'au Conquet s'enfoncent plus dans les terres, pour moi c'est plus facile et  je retrouve un rythme de 11km/h  pendant la demi-heure suivante jusqu'à la traversée de la ria du Conquet. L'entrée de ce bras de mer, qui s'enfonce  de quelques kilomètres dans les terres,  sert de port naturel pour de nombreux bateaux (la cale saint Christophe).  La ria est traversée par une passerelle piétonne   qui permet de se rendre à la grande plage du Conquet  qui se trouve derrière la rive nord. Je m'attendais à traverser  la ria sur cette passerelle mais les bénévoles nous indiquent qu'il faut passer à gué ! Sur le coup  le passage dans l'eau jusqu'aux genoux me rafraîchit  (et j'en avais besoin)  mais en sortant de la ria les chaussures chargées d'eau et de sable  pèsent bien lourd alors que l'on passe tout juste la borne du marathon en 4h10m . Le sentier continue par quelques chemins ombragés qui m'amènent vers la grande plage du Conquet (la plage des Blancs sablons) d'où l'on voit parfaitement les îles de Molène et  Ouessant.  A ce moment là une surprise  m'attend : un nuage  vient obscurcir le ciel  en quelques minutes, précédé d'un coup de vent d'ouest très fort  ...  une averse orageuse est en train de fondre sur nous. Heureusement l'averse ne dure qu'une petite minute  et les grosses gouttes de pluie m'ont surtout permis de me rafraîchir. En tout cas ce brusque changement de temps me fait penser au dicton  local :
 " Qui voit Ouessant voit son sang, 
qui voit Molène, voit sa peine

Cale Saint Christophe  vue de la presqu'île de Kermorvan

J'en suis à 4h30 de course  et comme sur mes précédents ultra-trails  je sens mes jambes se raidir d'un coup,  je pense être à quelques centaines de mètres du dernier ravitaillement, mais en fait je dois encore faire tout le tour de la presqu'île de Kermorvan (2km)  avant d'y arriver. Pendant un quart d'heure je gère tant bien que mal  sur un sentier  qui est redevenu très technique.  Après le dernier ravitaillement  (4h42)  il me reste encore 9km à faire le long de la côte jusqu'à l'arrivée, c'est encore jouable  pour finir en  5h30.  Je  retraverse la ria du Conquet  (sur la passerelle piétonne cette fois) puis je remonte vers le GR34  en contournant le port par des rues escarpées du Conquet . Je peux maintenant lancer mes dernières forces dans la course car cette partie finale est assez facile. Sur les derniers kilomètres je croise ma belle-sœur venu  m'encourager ! Les derniers kilomètres sont avalés à une belle allure de 11km/h et j'ai le plaisir de franchir la ligne d'arrivée sous le soleil en  5h34m59s donc pas si loin de mon objectif initial :-) 



Voilà finalement  j'ai le plaisir d'avoir bouclé mon troisième ultra sans douleur, malgré une préparation incomplète et des conditions difficiles. Même si mon classement final n'est pas  terrible (65ième  sur  500 engagés et seulement 340 arrivants!) j'ai quand même réussi à évaluer à 5 minutes près  mon niveau sur un parcours que je ne connaissais pas . 


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- pour les crochets $\langle .,. \rangle$ dans les commentaires utilisez \langle .,. \rangle
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