Tout cours d'analyse de Fourier contient de nombreuses formules compliquées mêlant intégrales, TF, convolution, exponentielles ... il est souvent difficile de s'y retrouver car ces formules ne représentent pas grand chose de concret pour le néophyte. Personnellement j'ai toujours eu besoin d'associer chaque formule à une expérience, une figure, un schéma pour me les approprier. Avec les outils numériques d'aujourd'hui ce type d'illustration est beaucoup plus facile à réaliser qu'il y a une vingtaine d'année, en particulier on peut utiliser la dimension "temporelle" pour rendre ces formules plus vivantes. Vous trouverez ici quelques animations (réalisées avec scilab) que j'utilise pour illustrer mon cours d'analyse de Fourier .
modulation d'amplitude et densité spectrale d'un signal |
Modulation et notion de spectre/fréquence
je vais commencer par les formules de modulation/translation pour la TF :
Théorème : soit $f\in{\mathbb L}^1({\mathbb R})$et $\mu\in{\mathbb R}$ alors $$\widehat{f(t-\mu)}(\nu)=e^{-i\nu\mu}\widehat{f}(\nu)~~~~\widehat{e^{it\mu} f(t-\mu)}(\nu)=\widehat{f}(\nu-\mu)$$
la démonstration de ces formules repose sur un changement de variable $t-\mu=x$ ou d’inconnue $\xi=\nu-\mu$ dans la définition de la TF, ici :
$$\widehat{f}(\nu)=\int_{\mathbb R}e^{-ix\nu}f(x){dx\over \sqrt{2\pi}}$$
Si on applique cette formule à la fonction Gaussienne $f(x)= e^{-{x^2\over 2}} $ , qui est sa propre TF , on obtient :
$$ \widehat{e^{\pm iax}f(x)}(\xi)= \widehat{f}(\xi\mp a)= e^{-{(\xi\mp a)^2\over 2}}\Rightarrow \widehat{\cos(ax) f(x)}(\xi)={e^{-{(\xi+ a)^2\over2}}+e^{-{(\xi- a)^2\over 2}}\over 2}$$
quand on fait varier $a$ on voit on voit apparaître dans le graphe de f des oscillations de période $2\pi/a$ et symétriquement dans le graphe de $\widehat{f}$ deux pics d'amplitude centrés en $\pm a$. Cela illustre parfaitement la notion de modulation d'amplitude (AM) en traitement du signal :
- le signal $f(x)$ sert de porteuse pour la modulation $\cos(ax)$ de fréquence $a$
- sa TF montre la densité d'énergie du signal en fonction de la fréquence $\nu$, cette densité est donc concentré sur la fréquence $\vert \nu\vert =a$
Changement d'échelle et principe d'incertitude
Commençons par rappeler la formule de changement d'échelle :
Théorème : soit $f\in{\mathbb L}^1({\mathbb R})$et $a>0$ alors $$\widehat{f(at)}(\nu)={1\over a}\widehat{f}\left({\nu\over a}\right)$$
La encore la démonstration repose sur un simple changement de variable $x=at$ dans l'intégrale définissant la TF de $f(at)$. On peut comprendre cette formule avec l'animation suivante où l'on utilise $f(t)={\bf 1}_{[-1,1]}(t)$ qui correspond à $\widehat{f}(\nu)={\sin(\nu)\over \nu}$.
formule de changement d'échelle et principe d'incertitude |
Lorsque $a$ tend vers l'infini le support de $f(at)$ se contracte, puisque
$$f(at)\neq 0\Leftrightarrow -1\leq at\leq 1\Leftrightarrow -{1\over a}\leq t\leq {1\over a}$$
alors que le graphe de $\widehat{f(at)}(\nu)=\widehat{f(at)}(\nu)={1\over a}{\sin(\nu/a)\over \nu/a}={\sin(\nu/a)\over \nu}$ s'étale . On peut le justifier en calculant la position où $\widehat{f(at)}(\nu)$ s'annule au plus près de l'origine ( $\nu=a\pi$) qui s'éloigne donc à l'infini quand $a$ augmente. Conclusion plus le signal $f$ est concentré plus sa TF est "étalée" et inversement plus le support de la TF est concentré plus le signal de départ est étalé. C'est ce qu'on appelle le principe d'incertitude très populaire en en mécanique quantique mais tout aussi important en traitement du signal.
Convolution et corrélation entre signaux :
La corrélation croisée de deux signaux est définie de manière très analogue à la convolution :
\[\Phi(f,g)(x)=\int_{\mathbb R} f(t) g(t-x) dt= f*\check{g}(x)\]
D'après les propriétés de la convolution, dans le cas ou $f=g\in {\mathbb L}^\infty({\mathbb R})$ et à support compact alors $f*g \in {\mathbb L}^\infty({\mathbb R})$ aussi. En particulier la fonction $\Phi(f,g)(x)$ est continue , bornée , à support compact et possède donc un maximum. Si $g(t)=\tau_a f(t)=f(t-a)$ alors on a en plus que
$$\Phi(f,g)=f*\check{\tau_a f}=\tau_a(f*\check{f})=\tau_a\Phi(f,f)$$
le maximum de $\Phi(f,g)$ va donc être décalé par rapport à celui de $\Phi(f,f)$ du même décalage que $g$ par rapport à $f$. Repérer la position de ce maximum permet de calculer le décalage entre deux signaux de manière automatique. On pourrait se dire qu'il est aussi simple pour calculer le décalage entre deux signaux de chercher un maximum sur les signaux de départ et d'en calculer l'écart mais c'est sans compter sur la présence de bruit. Or l'effet régularisant de la convolution permet de gommer le bruit, il sera donc plus facile de repérer le maximum $\Phi(f,g)(x)$, c'est ce qu'illustre cette dernière animation où les signaux f et g , qui apparaissent en rouge et bleu sont très bruités, et pourtant $\Phi(f,g)(x)$ tracé en vert possède un maximum assez net et peu bruité.
le maximum de $\Phi(f,g)(x)$ (en vert) correspond bien au décalage "a" entre les signaux f et g (bleu et rouge) |
Merci pour ce post. Je le trouve très intéressant.
RépondreSupprimermerci, tu en trouveras d'autre dans le même esprit , en cherchant dans la catégorie "Fourier" dans la partie droite du site .
Supprimer