lundi 8 avril 2019

UTCA un ultra-trail de 78km en bord de mer

Après avoir couru plusieurs courses de 50km ces dernières années j'hésitais à passer à la distance supérieure. Encouragé par mes amis je me suis laissé tenter par L'UTCA : un trail hivernal de 78km, sans trop de dénivelé, qui vous permettra de faire le tour complet de la côte de granit rose à partir de Lannion. Petit récit de 8 heures de courses pour ceux qui veulent en savoir plus ....




Après 4 mois d'une préparation sans accros me voilà le 24 Février 2019 prêt pour affronter les 78km de l'UTCA. La journée commence à 6h du matin sous un magnifique ciel étoilé éclairé par un dernier quartier de Lune. J'attends devant chez moi une camarade de club qui a bien voulu me prendre en covoiturage pour m’amener au départ, le froid pique un peu mais la journée s'annonce magnifique. Une fois en voiture, on discute de la course plein d'entrain avec de mirobolants objectifs chronométriques (7h30 pour pour moi 10h pour elle) malgré l'appréhension d’affronter ces 78km qui seront pour nous deux un nouveau record de distance.


le parcours essentiellement plat mis à part le relief
du bord de côte offrant de splendides panoramas


Arrivé à Lannion direction la salle des Ursulines pour se mettre au chaud et régler les derniers détails, vérifier la frontale, régler le sac le coupe vent ... Les coureurs sont déjà là en nombre, l'occasion de retrouver de nombreux amis  avec qui je n'avais pas couru depuis longtemps. Un petit selfie et ça y est on rentre dans le sas de départ, j'ai un peu la boule au ventre, une petite impression de vertige avant de s'élancer sur une telle distance mais déjà le speaker fait ouvrir la porte de la salle et lance la musique du départ.

départ de la salle des Ursulines à Lannion


Dès le départ je fais attention à ne pas dépasser la barre de 12km/h que je me suis fixé mentalement comme limite à ne pas dépasser, il fait bien noir sur le premier tronçon mais je connais par cœur ce chemin dans le prolongement du Stanco ce qui me permet de démarrer sereinement. après 6km de montée très douce (passage en 30minutes) on bascule en légère descente en direction de Perros Guirec par des chemins que je ne connais pas mais qui sont déjà bien éclairés par les premières lueurs de l'aube. Quelques paquets de coureurs se forment après une petite erreur de fléchage, les discussions s'engagent sur le programme de la journée, les objectifs de chacun, l'ambiance est à la bonne humeur et poussé par la descente nous avançons à 13km/h et arrivons déjà à l'entrée de Perros Guirec en tout juste 1h de course. 

passage à Trestraou , on a le sourire!

Fidèle à mon objectif je laisse partir les autres coureurs pour respecter la règle des 12km/h maximum. j'arrive rapidement à la plage de Trestraou 1h30min de course ou nous attend le premier pointage et un petit ravito. A peine le temps de m'arrêter prendre du coca pour ma gourde que Stéphane me rattrape nous repartons ensemble et discutons un peu. Depuis le début il me dit qu'il est pas bien (il finira 40ème en 7h50m) mais comme à son habitude il va plus vite que moi dans les côtes (et je suis plus véloce sur le plat).

seul sur les entiers du GR34

Nous entamons ensemble les premiers passages marins sur la plage de Ploumanach, le coefficient de marré élevé nous oblige à longer ou même escalader les murets en bordure de plage. Je suis assez prudent, je n'ai pas envie de chuter bêtement en début de course quand un coureur me double en me charriant, sa voix me dit quelque-chose ... de dos je reconnais mon amis le "Pirate" (qui se prénomme aussi Stéphane!) qui part toujours en fin de peloton et a déjà remonté quasiment tout le monde ! Comme l'autre Stéphane  il dit qu'il est pas bien (mais il finira 20 ème et 2ème V2 en 7h38m ...) et il prend le temps de faire quelques photos du magnifique paysage de ce GR34 sans aucun promeneur. Nous arrivons (les 2 Stéphane et moi) ensemble au ravito de Tourony en 2h10m (26km) dans la bonne humeur. Pour l'instant je suis super bien mais je laisse partir mes 2 compagnons pour prendre une pose de quelques minutes à ce premier ravitaillement, car j'ai décidé de m'arrêter à chaque ravito au moins quelques minutes pour bien gérer mon alimentation et mon hydratation.

à la poursuite du Pirate!

Je repars plein d'entrain, j'ai reconnu en détail cette partie du parcours il y a 3 semaines dans des condition météo très similaires. Si tout va bien je serai à Trébeurden vers 5h15-5h30 de course pour aborder la partie la plus difficile du parcours. Dès passé la grève Blanche à Trégastel (2h30min pour 30km) je commence à remonter les derniers concurrents du 52km qui sont parti à 9h de Tourony. c'est assez motivant de remonter tout ces coureurs mais il faut faire attention à ne pas dépenser trop d'énergie, donc je ne force pas l'allure. Après avoir contourné toute la pointe de Landrellec on arrive au ravitaillement du 38km en 3h15, là encore je prend une bonne pose et retrouve Stéphane que j'avais laissé partir au précédent ravito.





Menhir de St Uzecpassage au Marathon!


Je repars toujours avec de bonnes sensations en direction du Menhir de Saint Uzec, passage au marathon en 3h42m , puis descente vers l'entrée de l'île grande dont il faut faire le tour. A ce moment là les premiers signes de fatigue se font sentir, pas étonnant j'avais prévu une grosse pause ravito à l'île grande mais le coup de fringale arrive un peu en avance. Pas de panique je prend mes sandwich dans mon sac et je me met en mode marche rapide pour les manger avant d'être en hypoglycémie. une fois avalé mon en-cas je reprend la course et j'arrive au pointage/ravito de l'île grande 50km en 4h25m (c'est le temps que j'avais mis sur le 50km de l'UTCA en 2016!!!). Je prend quand même une bonne pause (5min) car cette fringale m'a raidi les cuisses. Je me fais un petit massage au baume du saint Bernard je recharge mes réserves d'eau et je repars ... avec Stéphane qui m'a encore retrouvé ici!    

tour de l'île grande ... mais il y a quelques années pour un 10km!

On ressort de l'île grande ensemble direction Trébeurden, il y a quelques côtes où la plus part des concurrents sont maintenant en mode rando, j'ai retrouvé de bonnes jambes suite à mon massage mais je passe prudemment en marche rapide dans les grosses côtes, il reste encore plus de 25km de course. On arrive dans les rues de Trébeurden, direction le port où se trouve l'avant-dernier ravitaillement. Dans la descente du port mes cuisse me tirent soudainement beaucoup, aïeaïeaïe. Arrivé au ravito je m’assoie directement sur le premier banc, il est très instable et directement je ressent une crampe ... l'alerte a été chaude. je me fais de suite un massage au baume du saint Bernard et je me ravitaille copieusement. Je viens de passer le 58km en 5h25m, je n'ai jamais couru une distance aussi longue, désormais chaque mètre parcouru est un record. En théorie c'est encore jouable de finir la course en 7h15 mais pour la première fois depuis le départ je me sens pas bien, et je vois que ça va être très difficile de faire moins de 7h30.

passage sur la plage après le ravitaillement à Trébeurden

Je repars en marchant (après un petit selfie sur la plage pour se redonner le moral!) pour pas brusquer mon corps, j'en profite pour lire les message de soutien reçus sur facebook, depuis le départ ça me rebooste le moral à chaque pause, là je sens que je vais en avoir besoin ... les 10km qui viennent sont les plus difficiles : chemin de rando avec montés descentes, beaucoup de cailloux à enjamber. En hivers c'est souvent glissant pas cette année avec ce soleil, mais revers de la médaille il fait chaud (au moins 20°) et il faut faire attention à la déshydratation surtout quand on est déjà proche des crampes. au bout de quelques kilomètres je vois bien que le moteur ne redémarre pas , mes cuisses me font mal à chaque mini descente relancer pour se remettre en course devient de plus en plus difficile . Je reste en marche rapide 7km/h en espérant qu'une fois passé Beg Hent je pourrais recourir.

les chemins au-dessus de Beg Leguer (en 2011)

Évidement l'espoir de finir en 7h30 s'envole , et même la barre des 8h n'est pas gagnée, et je dégringole au classement de 20ème je dois maintenant être autour de la 40-50ème place. Heureusement le paysage est magnifique sous ce soleil, les concurrents se soutiennent mutuellement et Isabelle n'arrête pas d'envoyer des messages de soutien sur facebook! Enfin j'arrive à l'entrée du Halage, une section plate idéale pour ma foulée, j'ai mis plus de 1h20 pour faire les 10 derniers km, il en reste 10 et on est déjà à 6h50m de course . 8h ça reste jouable.   

Arrivé au halage je m'arrête au ravito et commence par masser mes cuisses, je me réalimente et fait le plein d'eau et coca. Une fois reparti ça à l'air d'aller je cours à 10-11km/h sur le plat et je reprend des concurrents y compris dans la côte de Traoulagorn que je passe sans difficulté. Le moral revient mes cuisses répondent bien en monté et sur le plat mais en descente elles se crispent immédiatement et il y a une grosse descente pour revenir sur le halage ... un vrai calvaire! Cette descente me coupe totalement les jambes. 


 le halage en bordure du Léguer et les escaliers

Impossible de relancer sur le halage, je suis en marche rapide, 8km/h sur le plat, mais pas possible de courir et ça va rester comme ça jusque Brélévénez. Dans cette dernière difficulté tout le monde redoute la montée des escaliers mais moi c'est la descente qui la précède qui m'inquiète et effectivement elle va me faire bien plus souffrir que les 111 marches. Une fois passé cette dernière difficulté après 8h de course je termine la course en trottinant pour franchir la ligne d'arrivée en 8h17. 

les escaliers de Brélévenez (photo du Pirate)



bilan :  d'un côté un peu déçu de finir en 8h17, pénalisé par un de mes points faible récurrent (les descentes) alors que tous le reste du travail a vraiment bien payé (renforcement musculaire, vma, travail technique) . D'un autre côté je suis content d'avoir bouclé cette course magnifique, réalisée dans des conditions météo exceptionnelles, sans finir en mode zombie et accompagné d'amis qui m'ont encore une fois impressionné par leurs performances. Côté récupération j'ai eu l'impression de me remettre très rapidement (quelques jours) mais je suis resté un peu marqué par la course pendant un mois, manque d'entrain à l’entraînement et plus fatigué que d'habitude. Au final ça m'a redonné l'envie de me fixer des objectifs ambitieux au niveau trail même si pour l'instant j'ai envie de refaire des courses un peu plus courtes :-)




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