Les pionnières du calcul numérique et de l'informatique

Comme tout les ans le 8 Mars, décrété journée internationale des droits des femmes par l'ONU, est l'occasion de dénoncer le manque de féminisation des secteurs liés aux sciences, au numériques et à l’ingénierie. La situation qui n'était déjà pas très bonne en France, elle s'est encore dégradée avec la réforme du BAC et la situation inquiète même maintenant les organisations patronales dans l'industrie, c'est dire ! Dans l'enseignement supérieur chacun essaie d'apporter ça contribution pour combattre le préjugés sexistes  qui perdure dans les sciences, à moi d'apporter la mienne (toute modeste). A force de dénoncer l'absence des femmes en mathématiques et dans le numérique on finit par oublier qu'elles n'en ont jamais été absentes mais que bien souvent leur travail a été invisibilisé. Rien de mieux que de faire de jolis posters pour rappeler cela!

 

                




















alors connaissez vous  ces femmes ?

 

 

Au temps des astronomes : Nicole-Reine Lepaute (1723-1788) 

Elle fut une contributrice majeure au calcul des éphémérides astronomiques, publiés par Jérôme de Lalande dans " La connaissance des temps", à une époque où tous les calculs se faisaient à la main. Vingt ans durant, elle calcule la position du Soleil, de la Lune et des planètes, qui servent à tous les astronomes de l'époque. Elle calcule aussi les paramètres de visibilité d'éclipses et même la date précise du retour de la comète de Halley en 1759. Revenant d'Inde, après avoir observé le transit de Vénus de 1769, le naturaliste Philibert Commerson ramena une rose du Japon qu'il baptisa Hortensia, comme le second prénom de Mme Lepaute.

La biographie de Nicole-Reine Lepaute écrite par Jérôme De Lalande google books

 La première programmeuse : Ada Lovelace (1815-1852)

Fille du poète Lord Byron, sa mère lui impose une éducation purement scientifique pour contre-balancer l'héritage artistique de son père (qui meurt à ses huit ans). C'est ainsi qu'elle rencontre Charles Babbage et écrira pour sa machine analytique (ancêtre mécanique de nos ordinateurs modernes) le premier programme informatique de l'histoire, destiné à calculer des nombres de Bernoulli. Son apport étant contenu uniquement dans sa correspondance avec Charles Babbage, il sera oublié avant d'être redécouvert au XXeme siècle et popularisé quand des chercheurs américains donnèrent comme acronyme à un nouveau langage informatique ... ADA !

La vie d'Ada Lovelace dans la série d'Arte " cherchez la femme !"

Le journal de bord de Grace Hopper (1906-1992)

Grace Hopper rentre dans la marine américaine en 1943, elle fait partie des premières ingénieures apprenant à programmer l'ordinateur Harvard Mark I. A la fin de la guerre, elle continue de travailler à Harvard sur les Mark II et III, puis sur l'UNIVAC pour lequel elle invente le langage FLOW-MATIC. Elle travaille ensuite pour IBM et défend l'idée que la programmation devrait se faire dans un langage qui puisse se comprendre directement à la lecture, contrairement au langage machine de l'époque. C'est ce qui conduira à l'invention des premiers langages de programmation modernes comme COBOL et FORTRAN. Elle reçoit le Prix Ada Lovelace en 1983 pour ses contributions et continue de donner des conférences sur l'histoire de l'informatique jusqu'à sa mort. Alors qu'elle travaille dans l'équipe du Mark II, celui-ci connaît une panne causée par un insecte grillé dans les circuits de l'ordinateur. L'insecte collé dans le journal de bord de l'équipe avec la mention "First actual case of a bug being found" a popularisé le terme bug dans le monde de l'informatique. 

Les débuts de l'analyse numérique : Phyllis Nicolson (1917-1968)

Elle commence en 1939 un doctorat de physique sur l'étude des rayons cosmiques. Mais la début de la guerre mondiale interrompt ses recherches, elle intègre alors le groupe de recherche de Douglas Hartree, à l'Université de Manchester, qui travaille à résoudre des problèmes militaires comme les calculs balistiques pour l'artillerie. C'est là qu'elle se forme à l'utilisation de l'analyseur différentiel de Hartree (un calculateur précurseur des premiers ordinateurs). Elle s'oriente vers l'analyse numérique des équations aux dérivées partielles et invente pour l'équation de la chaleur, un algorithme plus précis et plus rapide que ceux existant, connu sous le nom de " schéma de Crank-Nicolson" publié en 1947 et toujours utilisé de nos jours.

l'article sur le schéma de Crank-Nicolson de 1947 ça ressemble à quoi ?

La conquête spatiale de Katherine Johnson (1918-2020) à Margaret Hamilton (1936-...)

Recrutée au début des années 50, avec D. Vaughan et M. Jackson, pour former des groupes de calculateurs humains nécessaires aux vols spatiaux de la future NASA. On les surnomme alors les " ordinateurs avec des jupes " mais elles vont s'imposer et jouer un rôle essentiel du programme Mercury jusqu'aux premiers pas de l'humanité sur la Lune. A la fois femmes dans ce milieu très masculin des années 60 et noires dans l'état ségrégationniste de Virginie, elles ont pu progresser vers des postes à responsabilité dans la NASA où leurs compétences étaient reconnues. On raconte que l'astronaute John Glen imposa comme procédure standard que la vérification manuelle des paramètres orbitaux soit effectuée avant les missions par Katherine Johnson. Son histoire a été popularisée par le film " Les figures de l'ombre" sorti en 2016.

la bande-annonce du film "Les figures de l'ombre" avec Kevin Costner

Après des études supérieures de mathématiques pures Margaret Hamilton intègre le MIT en 1960 pour développer des programmes informatiques de prévision météorologique. Elle travaille alors sur les ordinateurs les plus puissants de l'époque qui l'amène à rejoindre, en 1963, le Draper Lab qui conçoit les logiciel embarqués qui serviront dans les missions Apollo pour la navigation et surtout le premier alunissage. Confrontée à la faible puissance de calcul des systèmes embarqués, elle va mettre en place un système de priorisation des tâches qui puisse, lors des phases critiques, concentrer les ressources sur les seules opérations vitales. Le 21 Juillet 1969, trois minutes avant d'alunir, les alarmes 1201 et 1202, signalant la saturation de l'ordinateur de pilotage se déclenchèrent menaçant d'annuler la mission! Mais l'activation du système de priorisation des tâches permis à Neil Armstrong et Buz Aldrin de se poser sur la Lune quelques minutes plus tard.

La scène de l'alunissage du film " First Man " avec les alarmes 1201 et 1202